Voilà donc le programme des semaines (des mois?) à venir: sans surprise presque toutes les grandes villes françaises, celles en particulier où les cigales ont chanté tout l’été, vont vivre une drôle d’expérience, du genre (en infiniment plus soft) de ce que nous racontaient nos grands ou arrière-grand-parents de l’Occupation. Rien de bien original, rien qu’en Europe, les Allemands, les Britanniques, les Autrichiens, goûtent de nouveau, eux aussi, aux restrictions, les Espagnols connaissent pire avec des confinements, des fermetures totales de lieux publics, le gouvernement régional de Catalogne a même appelé appelle les citoyens à la délation: toute réunion suspecte à domicile, avec des personnes étrangères au foyer, doit être dénoncée à la police.
Les médecins, hospitaliers notamment, respirent, mais évidemment du côté de ceux qui animent les soirées urbaines, c’est l’asphyxie. On pense notamment aux restaurateurs qui vont devoir pour la seconde fois de l’année bricoler des solutions, entre déjeuners musclés, dîners-goûters à l’heure hollandaise et vente à emporter. Il y aura de la casse. Reste à savoir si le malheur des uns ne va pas faire le bonheur des autres.
C’est évidemment aux auberges de campagne que je pense. Toutes celles qui se trouvent à portée de fusil des métropoles affectées par le couvre-feu.
La lutte contre l’alcoolémie au volant, puis la crise de 2008 les avaient fragilisées, les mesures sanitaires pourraient bien donner un petit coup de fouet à leur comptabilité parfois faiblarde. Il y a les week-ends bien sûr, où dotées d’un hôtel, entourées de chambre d’hôtes, elles deviendront des destinations de rêve pour les urbains privés de dîners en ville.
Mais connaissant l’addiction de certaines populations aisées pour le restaurant (et le stress fort compréhensible de passer la soirée devant TF1), il y a fort à parier que certains foodistes déserteront leur métropole avant l’heure fatidique pour aller, à une demi-heure, une heure de chez eux, passer la soirée et la nuit à l’auberge avant de rentrer sagement au petit matin. Car désormais, quand on dîne, on couche, forcément.
Alors, je sais, tout cela risque de modifier drastiquement certains régimes alimentairescitadins. Moins de fleurettes, de poudres, de ramen, davantage de poulet rôti, de daubes, de chou farci. On gagnera en goût, en poésie, ce qu’on perdra en véganisme benêt. Encore un dégât collatéral du coronavirus…
Quoiqu’il en soit, dîner à la campagne ou pas, n’oubliez pas d’aller déjeuner en ville.
(Photos prise dans une de ces auberges de campagne, chez mes amis de L’Horloge, à Auvillar, à une grosse demi-heure de Toulouse)
Revigorant cet article!
Car il va bien falloir inventer quelque chose; notre président l’a dit, va falloir s’habituer à être moins libre.
Sérieux! Il a vraiment dit ça.!
Viel mol merci (merci bcp) comme on dit chez moi.