Qui se souvient du #dryjanuary? De Soeur Sourire, AKA Agnès Buzyn, faisant ostensiblement la gueule parce que le gouvernement français ne l’avait pas suivie dans cette belle aventure*? Des puritain.e.s anti-tout, anti-France, anti-mâle blanc dominant etc, vomissant leur haine sur les réseaux sociaux**?
Que c’est loin tout ça… Alors qu’en France chacun a raisonnablement pris ses distances (physiques) avec son prochain, il s’agit désormais de récréer un lien virtuel avec tout ceux qui nous manquent. Et c’est là qu’intervient le produit maudit que tous les crétin.e.s à l’âme aussi sèche que leur triste janvier vouaient il y a deux mois aux gémonies. C’est là que le vin nous sauve.
– Le vin ? Un lubrifiant social !
Oui, il n’avait pas tort, Jean Clavel, vigneron multi-tâches aussi enjôleur que fort en gueule. Élu syndical, historien, écrivain, chanteur de Copa Santa, il fut aussi un des précurseurs du nouveau Languedoc qui contribua à sortir le Languedoc de l’ornière pinardière. Le domaine familial, enrichi de nouveaux terroirs, vivifié par les passages de relais, demeure une des références régionales, grâce notamment à ses élégantes syrah du nord de Montpellier. Je me régale tout particulièrement de la cuvée Bonne Pioche en AOC Pic Saint-Loup, un des brillants exemples de ce que ce cépage, quand il est bien planté, cultivé et vinifié peut donner dans l’Hérault: des vins d’aujourd’hui à haute buvabilité. Par parenthèse, il me tarde d’en reboire une sur la terrasse des Matelles…
Si je pense au bon mot de Jean Clavel, en ce deuxième jour de confinement, c’est parce que je vois à quel point le vin, dans cette drôle de guerre, reprend la place centrale qu’il lui attribuait. Notamment avec ce phénomène apparu via les messageries, les réseaux sociaux: on branche l’audio, la vidéo, on discute, et plop! retentit l’aimable bruit de la bouteille qu’on débouche. Entre amis, en famille, l’apéro virtuel est devenu en très peu de temps un rituel des enfermés. Et le vin étant un voyage, comme je le rappelais hier, on fait partager à tous ses cartes postales, ses photos de vacances de la terre entière. Avec parfois des moments cocasses*** comme ici, hier soir dans notre montagne minervoise; à l’étage, Anne-Sophie trinquait avec des copains mexicains de Rome et Barcelone tandis que j’entamais le saint-chinian du dîner en compagnie du docteur resté à Toulouse.
Assurément, les pisse-froids y trouveront à redire. C’est leur métier. J’ai presqu’envie de dire que, dans le contexte, ils nous feront rire encore plus que d’habitude. Car, effectivement, alors que les vignerons sont de nouveau déclarés d’intérêt public****, l’abstinence est officiellement considérée comme une « activité non essentielle ».
*Agnès Buzyn, fière d’avoir interdit le vin à la cantine de son ex-ministère, un peu moins de son action face au coronavirus. Pour ceux que le confinement à coupé du Monde, ses aveux sont relatés ici. Cela étant, si l’on veut s’extasier devant l’inconséquence politique, je vous offre au bout de ce lien, la plus grande humoriste (noire) du moment, une autre candidate aux municipales selon laquelle, elle l’affirmait encore dimanche soir, « on ne meurt pas du coronavirus ». Si tous les cons volaient, elle serait chef d’escadrille…
**Vous voyez, vous avez oublié. J’en parlais là de ces surfeurs de tendances.
***Voir notamment cette vidéo d’apéro en solo publiée sur Facebook par Javier Buteler un sportif argentin vivant en France.
**** Une pensée aussi pour les distillateurs avec un beau geste antivirus initié par Alexandre Vingtier dans la RVF.
PS : « L’extincteur à vin » qui illustre cette chronique a été créé par l’artiste new-yorkais Ben Fearnley. Il est notamment, dans le domaine de la pub, l’auteur d’une campagne pour la marque Moët & Chandon (ci-dessous).
Ping : Réconcilier l’Homme et la Nature. – Idéesliquides & solides
Ping : Les cons qui ont ‘forcément’ raison. – Idéesliquides & solides